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dimanche, 10 March 2019 22:45

Les garderies d’attente.

Il existe bien des salles d'attente. Pourquoi pas des garderies d'attente ? Moins évidentes mais bel et bien des garderies ; non subventionnées (GNS). Pour en arriver là, bien des contorsions, disons, politiques ont été nécessaires. Garderies auxquelles on reproche d’être privées par ceux qui servent certaines idées et dogmes dépassés. Et c'est là où toute l'ingéniosité macabre des politiciens va opérer.

L’appauvrissement par asphyxie budgétaire y est pour beaucoup. En refusant d'indexer les tarifs depuis 2009, le gouvernement étranglait la jugulaire des GNS. En les éliminant des appels d'offres, favorisant ainsi les CPE, il les achevait presque, sous le regard approbateur des syndicats qui ne supportent pas la concurrence.

Sans compter les lois qui obligeraient les GNS à exposer toute leur clientèle à leurs compétiteurs, les CPE. La nouvelle Loi 143 qui impose le guichet unique ou Place 0-5, payable en plus, permet aux parents de rester inscrits dans les GNS et demeurer dans la liste d'attente pour que les CPE les appellent dès qu'une place se libère. Les GNS deviendront ainsi les salles d'attente des puissants CPE. Ce favoritisme laisse supposer un copinage électoraliste qui qui mine les démocraties.

Et qui songerait donc à une telle purification ? L'hypothèse ne peut être écartée que ce soient les syndicats. Bons calculateurs, ils savent très bien négocier et surtout prêtent une attention particulière aux dissensions entre partis, leurs maturités, solidité de leurs structures, pour optimiser leurs actions.

Question fondamentale ; comment un parti régnant peut avoir tant de liberté ? Les partis majoritaires cèdent facilement à interpréter leur victoire d’une manière simpliste « le peuple nous a donné un chèque blanc ». Mais quelle sorte de démocratie a-t-on réellement ?

Une variante qui tend à glisser vers la dictature qui se manifeste par l'absence d'une pluralité d'avis, d'expertises et de consultations, nécessaires au processus décisionnel. La démocratie, ainsi conçue, est restreinte à l'une de ses implications élémentaires qu'est le suffrage universel. En effet on croit que le pouvoir est au peuple, alors que ce dernier n'existe que pendant les campagnes électorales, qui, une fois terminées, se désactive pour redevenir simple administré par la puissance publique ; gouvernement élu et administration. La carence flagrante en consultations – publiques, ou d'experts – rend les mécanismes décisionnels totalement autoritaires et donc dictatoriaux. CQFD.

Les Libéraux de Philippe Couillard avaient annoncé au début de leur mandat une ère nouvelle imprégnée de démocratie avec leur fameuse "Commission de révision permanente des programmes". Malheureusement, son sort fut dramatique ; mort-née. Des millions de dollars gaspillés et un peuple sur le carreau.

Le cas des GNS est très significatif. Ce qui rend la chose encore plus surréaliste c'est qu'on tolère l'idée d'avoir deux types de citoyens – inacceptable en démocratie ; ceux qui bénéficient de tout, en l'occurrence ceux admis dans les services subventionnés, et ceux qui ne bénéficient de rien, dont les enfants sont dans les GNS [1]. Une sorte de développement séparé. Bizarrement, on veut universaliser les tarifs pour que les riches ne payent rien. Sommes-nous toujours en démocratie ? Il ne peut y avoir d'universalité tant et aussi longtemps que le clivage – CPE, GS, GNS, MF, MFNS [1] demeure, avec des tarifs dopés par les subventions. Et le monde entier nous envie !

D'autres mesures antidémocratiques telles que le bannissement des GNS [1] des appels d'offres répartis à 85% de CPE et 15% de GS [1].

Qui a décrété cette distribution ? Et dans quel but ? Pourtant avant 2011 ce n'était pas le cas. Encore une manifestation de cette autorité. Cette dernière peut s'interpréter par la puissance de l'administration face aux citoyens, et même face aux politiciens eux-mêmes qui ne sont pas suffisamment préparés. Pour beaucoup de raisons d'ailleurs.

Manque de temps ; la moyenne d'occupation du siège de Ministre de la Famille est d'à peine 13 mois par ministre. En 8 ans, 7 ministres se sont succédé. Sans compter le fait qu'un ministre cumulait deux postes ; Famille et Éducation. Peut-on vraiment parler de politique familiale face à un tel défilé de Ministres ? C'est donc l’administration hyper qualifiée qui gérait, loin de toute politique censée avantager le contribuable et non les installations de garde. Difficile aux différents Ministres d'appliquer leur programme, souvent mal ficelé, pendant la campagne électorale. Le cas des maternelles parle de lui-même. Budget sous-estimé, répartition des places incertaine – récupération de classes anglophones – ce qui témoigne d'une compréhension approximative du sujet. Des remaniements ministériels s'annoncent, en réponse à cette première crise "des maternelles", copiée sur l'Ontario ou à celle de l'immigration. Personne ne pouvait prédire un tel entêtement du chef du gouvernement .

Et que dire de la dernière déclaration du Ministre de la Famille ?

Selon l'analyse [étude d'impact] qu'on a faite, les garderies privées non subventionnées et les [garderies en] milieu familial seront les deux types de service de garde qui subiront la baisse la plus marquée d'achalandage.

Mais que fait-il pour arrêter le massacre qu'il sait qu'il a lui-même engendré ? Rien.

Je me demande si c'est le Ministre de tous les Québécois ou juste celui des CPE et GS. Du jamais vu dans aucune démocratie.

Pour en finir avec toutes ces conspirations, achetez-nous M. Le Ministre. Abrégez nos souffrances. Finissons-en !

Finalement après 20 ans de politique familiale on peut dire : "Rien ne progresse, rien ne s'améliore, tout se complique." Oubliant, du coup, tous nos vrais problèmes, tels que nos aînés qui ont construit le pays, leur retraite insignifiante et beaucoup d'autres domaines. Et la reconnaissance des diplômes des immigrants qui traîne depuis des années, les obligeant à des métiers moins valorisants ?

Il est de coutume, les premières semaines du mandat d'un gouvernement, de rendre visite à ses voisins et de s'enquérir de son environnement géopolitique. Chez nous, la différence – signes religieux, diplômes d'ailleurs, nouvel immigrant vs descendant d'immigrant – nous divise encore.

François Mitterrand ne s'était pas trompé quand il avait dit :" La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises. "

Et pourquoi pas en faire !?

Khalid Daher

Président

Alliance Québécoise des Garderies Privées Non Subventionnées

AQGPNS

 [1]

CPE

Centre de la Petite Enfance.

GS

Garderie Privée Subventionnée.

GNS

Garderie Privée Non Subventionnée.

MF

Milieu Familial Subventionné.

MFNS

Milieu Familial Non Subventionné.

 

 

 

 

 

Publié dans GnsBlog